Bonjour Xavier, pouvez-vous nous dire comment est venue l’idée de fonder Selectra ?
J’étais encore étudiant quand mon ami Aurian, que j’avais rencontré en cours de japonais à Sciences Po, est venu me voir après une soirée un peu arrosée. Il voulait me proposer de créer une boîte. Ce n’était pas plus précis que cela à ce stade, mais j’ai été immédiatement d’accord, car cela pouvait donner un peu de concret à nos études, et je trouvais ça amusant, tout simplement. Nous avions lu dans Challenges que le marché de l’énergie pour les particuliers allait s’ouvrir à la concurrence quelques semaines plus tard. On y a vu une opportunité réglementaire : il y avait clairement un marché qui allait se créer. Nous avons ainsi eu l’idée de créer un comparateur d’offres d’énergie pour aider les consommateurs à choisir l’offre la plus adaptée à leur profil.
A quel moment vous êtes-vous dit : “allez, je me lance !” ?
Nous nous sommes lancés instantanément : nous n’avions rien à perdre ! En revanche, nous n’avons pas été à temps plein sur le projet tout de suite, car nos études nous prenaient du temps. Au départ, nous y consacrions quelques heures par semaine, en fonction de ce que nous permettait notre emploi du temps. Après notre diplôme, Aurian s’est lancé à temps plein, et de mon côté j’ai été embauché quelques mois dans une boîte de conseil – le projet Selectra étant encore un peu embryonnaire. Mais en 2011, les résultats évoluant rapidement, j’ai rejoint l’aventure à temps plein également. Je ne l’ai jamais regretté.
En toute honnêteté, vous attendiez-vous à une telle réussite dès le début ?
Clairement, non ! Au tout début, nous ne nous prenions pas vraiment au sérieux, nous y voyions surtout l’opportunité d’apprendre et même de nous amuser grâce à un projet qui n’appartenait qu’à nous. Les premières années d’ailleurs, nos résultats restaient très modestes, avec un tout petit chiffre d’affaires… Mais néanmoins rentable !
Ce n’est qu’au bout de 3 ou 4 ans que Selectra a décollé, et que nous avons vu que nous pouvions créer un business qui tient la route. Je ne pense pas que nous pouvions imaginer un jour faire 75 millions de chiffres d’affaires et compter plus de 1800 collaborateurs… Comme quoi, quand on a une idée, il faut essayer de lui donner vie !
En tant qu’entrepreneur, comment vit-on le passage de son entreprise du niveau national à international ?
Nous nous sommes lancés dans l’internationalisation de Selectra en 2014, lorsque des amis espagnols d’Aurian nous ont proposé de répliquer le modèle français de Selectra en Espagne, les sujets de pouvoir d’achat dépassant les frontières. Nous avons donc trouvé que nous avions tout intérêt à tenter l’expérience. Et le fait est que cela a très bien fonctionné, notre pôle espagnol est en pleine expansion, aujourd’hui encore ! Cela nous a ouvert de nombreuses perspectives : nous avons compris que notre modèle était réplicable à l’international, nous avions ainsi tout intérêt à essayer d’ouvrir de nouveaux marchés. Nous proposons ainsi nos services aujourd’hui dans 17 pays, et nous espérons continuer à nous étendre. Chaque nouveau marché suppose des adaptations, un apprentissage profond de son fonctionnement, mais nous pouvons beaucoup capitaliser sur ce que nous avons fait dans les autres pays, ce qui est un avantage non négligeable.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un souhaitant se lancer dans l’aventure entrepreneuriale ?
Je dirais que l’important est de ne pas passer trop de temps à faire des plans stratégiques qui enferment dans la théorie. Ce qui compte, pour faire avancer une entreprise, ce n’est pas tant les idées que leur application. Être entrepreneur, c’est apprendre en faisant. C’est essayer, parfois se tromper, mais continuer d’avancer tous les jours. Si vous avez une idée en tête : lancez-vous ! Parfois, nous sommes impressionnés par la complexité de la tâche ou de l’objectif. Mon conseil est de diviser la mission en plein de petites tâches faciles à accomplir, et qui vous permettront d’avancer petit à petit. Cela permet d’être moins impressionné tout en ayant des résultats concrets réguliers qui motivent.
Et à un entrepreneur voyant son entreprise et ses effectifs grandir très vite ?
Déjà, je le féliciterais ! Quand on en est à ce stade, c’est déjà que l’on a trouvé un service ou un produit qui répond à un besoin. Ensuite, je conseillerais de prêter une attention particulière aux recrutements. Je pense que s’entourer des bonnes personnes est primordial dans le développement d’une entreprise. Il faut ainsi être très au clair sur le type de profil recherché et mettre en place des processus de recrutement précis qui permettent d’évaluer les compétences et les savoir-être des candidats, afin de choisir ceux qui correspondent véritablement au poste.
Vous venez de publier un livre sur le management en start-up ; pourquoi l’envie d’écrire ce livre ?
Selectra a grandi très vite, sans que j’aie d’expérience en management. J’ai appris sur le tas, en accéléré. J’ai fait beaucoup d’erreurs, et j’ai aussi beaucoup appris. Au fil des années, j’espère avoir créé une ambiance de travail saine chez Selectra grâce à une méthode de management qui est nous est propre, et j’avais envie de partager cette expérience avec tous ceux qui un jour auraient envie de travailler en start-up ou de lancer leur propre entreprise. Le but était également d’avoir un outil de formation en interne pour les managers qui nous rejoignent, afin qu’ils puissent s’imprégner plus facilement de nos méthodes de travail.
Enfin, qu’ambitionnez-vous pour les années à venir ?
Au départ, Selectra était un comparateur d’offres d’énergie, en France. Aujourd’hui, Selectra, c’est plus globalement un expert de la gestion et de la réduction des factures domestiques, en France mais aussi dans 17 pays. J’aimerais que l’on continue d’étendre notre activité à l’international, particulièrement en Amérique et en Asie, et de diversifier les marchés sur lesquels nous proposons aux foyers de réduire leurs factures. Et tout cela dans une ambiance de travail épanouissante, qui fait que ceux qui nous rejoignent soient fiers de travailler pour Selectra !